Certaines randonnées laissent un souvenir plus fort que d'autres ; celle du 2 Octobre est de celles-ci.

Samedi : tout commence par une soirée camping au-dessus du hameau de Lachaud, au pied du Col de Festre, avec une veillée autour d'un grand feu.

Dimanche : le Grand ferrand, sommet emblématique du Dévoluy, se dessine en ce petit matin d'Octobre, éclairé par un doux soleil d'Automne colorant les pierriers et falaises d'altitude.
Quelques plaques de la première neige de la fin Septembre subsistent et soulignent par leurs tâches blanches les couleurs et les reliefs tourmentés de ces citadelles de pierre.
La vire olympique est rapidement atteinte par un itinéraire qui devient aérien. Elle est large et pentue et chemine sur toute sa longueur sous les sommets des Ferrand, le Petit et le Grand. Elle a pour particularité un énorme trou en son milieu, le "Chorum Olympique". Un chorum désigne, en Dévoluy, un trou, un gouffre. Celui-ci est particuliérement impressionnant d'autant plus qu'il ressort plus bas, juste au dessus du Vallon de Villard.
Après la vire, les choses sérieuses commencent. La faille menant aux arches inter-ferrantes est là, au dessus de nos têtes (casquées bien sûr)
Pour l'atteindre, une série de gradins de plus en plus relevés et rendus glissants par les petits graviers ronds qui les recouvrent. Pas très difficile comme ascension mais mieux vaut ne pas glisser. Boudlou, le petit chien de Robert, qui est de la partie, grimpe allégrement, en nous faisant regretter de ne pas avoir quatre pattes !
Sous l'immense voute la partie vraiment délicate débute. Quelques pas d'escalade sur une vingtaine de mètres en 3 ou 4 (les avis sont partagés) qui nécessitent quand même l'installation d'une corde pour la sécurité. Le petiti chien passe aussi grâce aux efforts de Robert qui le hisse, le pousse, le retient...

Ceux qui ont fait des randonnées avec lui imagineront sans peine la scéne !

Passage inoubliable dans la fraîche pénombre.

Au dessous de nous, telles les voûtes d'une cathédrale dessinée par un architecte inspiré, les arches inter-ferrantes s'entrecroisent en demi-cercles parfaits, légéres et aériennes. C'est d'une beauté inouïe ; la nature aujourd'hui sublimée par une lumière d'automne d'une rare intensité nous offre un spectacle à la mesure des lieux !
Il ne nous reste plus qu'à rejoindre le sommet par une ascension plus facile dans des pierriers instables, et un court passage ssez vertigineux en face nord. A l'ouest se dresse le mont Aiguille ou nous étions voilà quinze jours, déjà.
Au sommet nous savourons notre pique-nique après toutes ces émotions.

Dans quelques jours l'hiveer chassera l'été indien ; une épaisse couche de neige recouvrira les rochers et les pierriers, abandonnant à leur solitude arches et chorums pour de longs mois. A moins que quelque skieur de haut niveau empruntent le même itinéraire que nous. Eh oui certains s'engagent sur cet itinéraire.

On peut voir leurs exploits : http://www.skitour.fr/sorties/grand-ferrand,26237.html

Mais ceci est une autre histoire ; et, si comme dit Robert, ce n'est plus de notre age... la relêve est assurée !

Texte : Thierry

Images : Nathalie, Thierry et Henri

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